Acheter des titres RATP en gros : le drame des tickets démat’ en 2025

Toujours pas de solution pour les groupes

À l’annonce de la fin des tickets carton vers 2019, rien n’était prévu pour les groupes, les passes à recharger par des titres dématérialisés étant annoncés comme individuels. Depuis, rien. On n’a aucun autre recours que d’utiliser des titres individuels, et donc d’acheter de grandes quantités de badges rechargeables et réutilisables, à un euro pièce.

Pour un établissement qui vient de loin et ne reviendra pas souvent jusqu’en IDF, c’est un coût, et c’est encore ça de plus dans les dents de la planète qui n’en peut plus. Pour un établissement sur place, gros utilisateur, on a un autre problème : comme on ne va pas recharger ces trucs tout le temps avec deux voyages, on met entre les mains des élèves un passe contenant jusqu’à trente voyages. J’imagine déjà le relou loulou qui fait discrètement l’échange entre le badge que lui confie son prof et un passe vide qui traînait dans un tiroir chez lui.

L’achat de passes Navigo en gros

Désormais ça se passe sur ce site spécifique, pas évident à trouver si l’on se contente d’aller voir sur les sites publics des transports parisiens :

https://grands-comptes.iledefrance-mobilites.fr/

La procédure n’a pas posé de problème : on commence par créer un compte (avec nom de personne), puis on lui raccroche une école (j’ai fourni un extrait SIRENE), et c’est validé par l’agence Comutitres. Il faut construire un devis, que l’on valide, et cela déclenche la commande. On est vraiment en full-démat’.

On a passé commande le 17 décembre, en sachant que ça serait livré pendant les vacances : un collègue du service a demandé livraison dans un point-relais près de chez lui, et c’est arrivé dix jours plus tard sans problème. Dans une période moins perturbée, une livraison en une semaine à la loge de l’EPLE semble probable.

Suite à une mise à jour du site, outre le numéro d’engagement juridique, le bouzin m’a demandé les nom et prénom du "référent Chorus" : j’ai mis l’ordonnateur.

Tarifs

Ce sont bien sûr les prix des titres de transport, qui sont publics. Mais on peut accéder au demi-tarif sur ces titres dématérialisés ! (cf. ci-dessous)

Il faut payer les cartes (le "support"), dans lesquelles jusqu’à trente titres peuvent être chargés. C’est un euro pièce. S’y ajoutent 10 € de frais de gestion, et 6,80 € de frais de livraison. Ma première livraison comprenait donc 1050 titres demi-tarif chargés sur 35 cartes, et a représenté un montant total de 1 364 € TTC.

Car en même temps que la question de la modification de la forme du ticket de transport, il y a une nouveauté très importante en ce début 2025 : désormais le même titre peut servir pour traverser toute l’Île-de-France, fini les infinies subtilités du ticket pour Versailles-chantiers qui n’était pas valable à Versailles-rive-gauche ! Cette énorme bonne nouvelle étant parfaitement gâchée, pour notre usage, par tout ce que je décris dans cet article. Mais on s’y attendait !

Rappel sur les conditions d’usage du tarif groupe

Le tarif groupe, avec 50 % de réduction, est applicable à partir de dix personnes. C’est réservé aux moins de 16 ans, mais pour les lycéens c’est officiellement admis. Attention, pas les prépas ou les BTS, ou alors dites-leur de venir habillé·es en Petit bateau ! L’enseignant est au même tarif, le deuxième à partir du 11e élève etc.

Il n’est pas valable en bus ni tramway, uniquement dans les transports lourds. Techniquement ça passe, mais un contrôleur de mauvaise humeur peut vous planter : globalement si vous évitez de monter à bord d’un bus déjà bondé avec 40 mômes surexcités à l’heure de pointe, avec un grand sourire naïf on doit pouvoir survivre.

Il faut que l’accompagnant du groupe ait sur lui un formulaire ad hoc, une "déclaration sur l’honneur". Je me permets de la mettre à dispo ici pour accélérer le travail, mais vous savez que les articles de l’IZ ne sont qu’épisodiquement mis à jour, restez prudents et vérifiez à la source.

Facturation

Eh bien c’est pas brillant : fin avril et malgré mes relances, je n’ai toujours pas reçu la facture de ma commande de décembre ! Voilà pourquoi cet article sera resté pendant des mois dans les limbes de l’IZ, alors qu’il aurait été bien utile de le publier tôt pour les collègues pouvant en avoir besoin.

La commande suivante début mai a été honorée sans histoire, et la facture arrivée aussitôt dans Chorus, bien proprement. On dira qu’ils ont eu un bogue et que le système est maintenant en état de marche.

Utilisation des passes

Les passes ne sont pas collectifs : il en faut un par voyageur ! Comme je le disais en introduction, en fait IDF Mobilités n’a strictement rien prévu pour les groupes, on doit se dém.brouiller avec des passes individuels. Pas d’autre solution que d’acheter des dizaines de supports et d’en avoir un pour chaque élève.

Pour tout arranger, on ne va pas passer sa vie à recharger ces cartes (cf. ci-dessous), et naturellement il faut envisager de mettre un bon nombre de voyages dessus. On peut en mettre jusqu’à trente. Dès lors, il est possible d’imaginer qu’un élève à la recherche d’une bêtise à faire soit tenté d’intervertir la carte qu’on lui confie avec une qui serait vide. Bien mal lui en prendrait, car la carte chargée en demi-tarif ne serait pas utilisable hors du groupe. Pour réduire ce risque, la solution est toute simple : il faut marquer les cartes au feutre indélébile avec le nom de l’établissement, et peut-être aussi la mention "demi-tarif".

Concrètement, il faut demander au prof organisateur de faire passer les élèves en leur bipant un passe à chacun en file indienne, sans les leur donner, sinon on ne maîtrise plus du tout la situation.

Vie des passes Navigo ainsi achetés

... vie et mort ! Sur les 35 achetés il y a quatre mois, deux sont morts sans qu’on sache pourquoi. [1] Le prof qui s’est retrouvé coincé a pu les échanger... contre deux passes vides, le contenu étant perdu ! Ça calme. Ensuite pour savoir combien de trajets un passe renferme encore, il faut le passer en borne, donc sur place en IDF, pratique pour les provinciaux proches comme moi !

Heureusement ce n’est pas la seule solution, il y a une application IDFM que l’on peut charger dans un mobile. Une rumeur courait que cela ne pouvait marcher que dans un i-phone, mais ça fonctionne parfaitement dans l’appareil Androïd des astreintes de mon lycée, un Samsung A14, un modèle datant de 2023. Je n’ai pas essayé dans mon propre téléphone dé-gougueulisé.

Pour savoir ce que contient un passe, allez sur la fonction "achat", puis "sur mon passe Navigo". Le logiciel vous demande de coller le passe sur le téléphone, après quoi il affiche le nombre et le type de voyages qu’il renferme. Y a des étrangetés dans cette lecture, mais je peux croire que la trentaine de passes étalés sur la table quelques centimètres plus loin a pu générer des interférences dans certains cas.

Recharger les passes Navigo

Encore une tuile : le site grands-comptes ne propose rien. Ils ont tellement honte qu’ils ne disent même pas être incapables de nous aider. La seule solution est donc bien de recharger en borne ou avec l’application, et donc forcément par CB. Bon, je suis motivé et j’ai une carte pour l’établissement concerné, alors je ne me suis pas démonté.

Le compte créé pour le site grands-comptes ne fonctionne pas sur l’appli. J’ai recréé un compte dans le nouveau bouzin, validé après moult vérifications. Je lui dis que je veux acheter huit voyages demi-tarif (10,00 €) sur l’un de mes passes qui était vide. J’en arrive alors au stade où il faut sortir la CB. Je comprends que chaque recharge de carte exige une opération de paiement, c’est la fête quand on doit en faire deux douzaines !

Après les fastidieuses vérifications du paiement sécurisé, j’ai reçu un courriel de notification du paiement. Mais rien qui ressemble à une facture. Parallèlement, j’ai voulu lire la carte rechargée pour y trouver mes huit trajets : nada ! Et j’ai reçu, quelques minutes plus tard, un nouveau courriel pour dire que ça n’avait pas marché et que le paiement CB était annulé. À la bonne heure. L’anomalie viendrait-elle d’interférences avec les autres passes étalés sur la table voisine ?

Mais concrètement et même si elle finit par marcher, cette recharge des passes Navigo est impraticable :

1. paiement CB uniquement
2. pas de pièce justificative
3. caractère chronophage avec pour circonstance aggravante que, CB nominative oblige, l’agent comptable ne peut pas refiler le boulot

Donc à ce stade, j’envisage de racheter à chaque fois des passes chargés de 30 voyages, et donc de polluer et perdre un euro de valeur d’achat de ces passes, sauf s’il m’arrive d’être moi-même en IDF à une heure creuse, avec la CB de service, les passes vides, et du temps à perdre au guichet. Si cela arrive et qu’il apparaît qu’on peut avoir une facture, je viendrai crier victoire ici. Pourquoi suis-je pessimiste ?