M. le recteur,
Nous souhaitons attirer votre bienveillante attention sur le malaise professionnel ressenti de plus en plus fortement par un nombre croissant d’adjoints gestionnaires de notre académie. Nous partageons le sentiment profond de ne pas être reconnus dans nos fonctions, nos responsabilités et nos compétences malgré l’investissement très important de chacun d’entre nous au service des usagers de nos établissements : dépit, découragement et syndrome dépressif sont devenus le lot quotidien de beaucoup d’entre nous.
Vous savez qu’il n’existe pas de représentation syndicale spécifiquement attachée à nos fonctions : c’est pourquoi nous avons choisi de nous adresser directement à vous par le biais de ce collectif s’exprimant au nom de 134 adjoints gestionnaires [2] ayant formellement adhéré à la présente démarche. Nous en tenons la liste à votre disposition à toutes fins de vérification de notre représentativité.
Afin d’éviter certaines redondances, nous vous invitons à bien vouloir prendre connaissance des documents joints [3] : sachez, M. le recteur, que nous n’avions apprécié la réponse des services rectoraux ni dans sa forme, ni sur son fond : l’année qui vient de s’écouler a d’ailleurs confirmé toute l’inconsistance que nous lui avions prêté d’emblée.
Les éléments exposés dans notre lettre ouverte de l’an passé sont toujours et plus que jamais d’actualité en cette période de RCBC, réforme ayant généré une surcharge de travail uniquement supportée par les adjoints gestionnaires, même si, le moment venu, les chefs d’établissements sauront recevoir les honneurs liés à la mise en place réussie de cette réforme.
Aujourd’hui, les adjoints gestionnaires croulent sous le travail et sont pour beaucoup condamnés à utiliser de nombreuses heures de leur temps personnel, au détriment de leur vie de famille, pour pouvoir remplir leurs missions qui, au gré de l’émergence de nouvelles réglementations, deviennent de plus en plus nombreuses et complexes. De plus, cet accroissement de notre charge de travail s’opère dans un contexte de diminution des moyens que les intendances sont les premières à subir au sein des EPLE. Nous effectuons pour beaucoup un grand nombre d’heures supplémentaires mais il n’existe pas d’HSE pour nous : cette situation ne peut plus durer, le bénévolat au service de nos EPLE ayant atteint et même dépassé ses limites ! La proportion d’adjoints gestionnaires qui ont fait le choix de se limiter désormais scrupuleusement à leur statut en terme de temps de travail grandit : ceux-là, ainsi que vos services l’ont déjà constaté, n’ont plus le temps de répondre aux enquêtes exigées de toute part.
Soyez convaincu, M. le recteur, qu’il n’est nullement question de laxisme en l’occurrence et comprenez bien que les pressions exercées à notre encontre sont assimilées par les plus sensibles d’entre nous à du harcèlement professionnel. Beaucoup n’ont aujourd’hui plus d’autre choix que de hiérarchiser leurs tâches selon le degré de responsabilité qu’elles requièrent : sécurité, sécurité alimentaire et tenue de la comptabilité sont incontournables ; tout le reste est secondaire.
L’évolution de l’été 2011 nous intégrant officiellement dans l’équipe de direction de l’EPLE en tant qu’adjoint gestionnaire avait fait naître un espoir, hélas vite déçu compte tenu de l’absence de reconnaissance concrète de l’importance de notre travail. En termes de référentiel "métiers", nous exerçons au bas mot quatre métiers différents : s’il était encore besoin de le démontrer, les quelques 250 pages du vade-mecum de nos fonctions rédigé à l’échelon central en 2011 suffisent à couper court à toute contestation sur ce point. Pourtant, en matière de PFR, la cotation de nos postes demeure totalement injuste et démotivante car inadaptée tant en terme de référentiel "métiers" qu’au regard de nos responsabilités :
En effet, quelle autre fonction au sein de l’AENES peut mener son titulaire devant une juridiction pénale, pour un problème de sécurité ou de sécurité alimentaire par exemple ? AUCUNE ! Quelle autre fonction au sein de l’AENES peut rendre son titulaire responsable sur ses propres deniers en matière de comptabilité quand bien même aucune disparition de deniers publics ne serait survenue ? AUCUNE !
Par ailleurs, pourquoi sommes nous les seuls au sein des EPLE à subir un régime indemnitaire impacté par l’attribution d’un logement de fonction et l’obligation absolue de l’occuper qui en résulte ?
– Est-ce le cas pour l’autre adjoint du chef d’établissement lorsqu’il est logé ? NON !
– Est-ce le cas pour le CPE logé ? NON !
– Pour l’infirmière logée ? NON !
– Pour les personnels ouvriers logés ? NON !
Cette situation n’est conforme ni à l’esprit du législateur, ni à la volonté du ministre de l’Éducation nationale exprimée lors de la mise en place de la PFR
[4] La lettre de notre ministre accompagnant la diffusion du vade-mecum de l’adjoint gestionnaire, nous désignant comme les adjoints du chef d’établissement et rappelant l’importance de nos missions, devait représenter le point de départ d’une réforme en profondeur conduisant à une cotation plus juste de nos emplois : c’est tout le contraire que nous subissons aujourd’hui
Nous n’acceptons plus les conditions dans lesquelles nous exerçons notre métier et nous avons absolument besoin que le régime indemnitaire qui nous est alloué traduise nos responsabilités, notre investissement et nos compétences. Dans quelle structure publique, semi-publique ou privée trouve-t-on un membre de l’équipe de direction moins bien payé que la plupart des employés de ladite structure ? Moins bien payé qu’une partie des personnels ouvriers qu’il encadre ? On ne trouve cela nulle part, nulle part sauf dans tous les EPLE ayant un adjoint gestionnaire SAENES et dans une partie de ceux où ce poste est occupé par un attaché !
Devons nous dès lors nous convaincre que nous sommes simplement pris pour des bêtes de somme dont les fonctions sont sous-estimées et déconsidérées car elles ne semblent jouir à vos yeux ni de la noblesse que confèrent celles qualifiées de pédagogiques, ni du respect que confèrent celles occupées par les personnels ouvriers décentralisés que nous encadrons ?
Soyez informé, M. le recteur, que nous craignons fort que la déception, la frustration et la fatigue morale durement ressenties ne génèrent bientôt une situation fâcheuse dans nombre d’EPLE. Nous ne tiendrons plus longtemps dans ces conditions, notre santé est en jeu. C’est pourquoi il est indispensable que vous receviez très rapidement nos représentants, dont les coordonnées figurent à la fin du présent courrier, que vous nous écoutiez et surtout que vous nous entendiez.
Nous vous remercions de l’intérêt particulier que vous porterez à cet appel et nous vous prions d’accepter, M. le recteur, nos plus respectueuses salutations.
Messages
1. Lettre d’un collectif de gestionnaires à leur recteur, 6 février 2013, 06:02, par sivergues
Après dix-huit mois de congé longue durée après treize ans d’exercice dans le même EPLE. Je retrouve un milieu effrayé, chaotique, un comptable sur les nerfs , un chef d’établissement qui se prend pour un marteau et tape sur les clous que nous sommes . Un médecin de prévention à la botte, une administration qui capitalise en montant des dossiers. Malgré, tout je n’ai rien d’une limande, je suis scandalisé par le syndicat pourtant à gauche de la gauche, de sa tactique d’infiltration. Je suis seul et des que je sors de la tranchée on tire à vue.
2. Lettre d’un collectif de gestionnaires à leur recteur, 1er mars 2013, 06:28, par Psalmanazar
Cher collègue,
est-il possible d’avoir accès au contenu des PJ ?
Cdt
1. Lettre d’un collectif de gestionnaires à leur recteur, 1er mars 2013, 09:30, par L’intendant zonard
Désolé, je n’y ai pas eu accès. Qu’est-ce qui t’intéressait, que je leur demande ? Contacte-moi par courriel stp.
3. Lettre d’un collectif de gestionnaires à leur recteur, 17 octobre 2016, 15:57, par fadse
Quelle a été la réponse du rectorat ?
Merci
1. Lettre d’un collectif de gestionnaires à leur recteur, 17 octobre 2016, 20:31, par L’intendant zonard
Bien vu, je n’avais pas donné suite. C’est ancien maintenant, mais je crois me souvenir que les collègues m’avaient montré une réponse plutôt polie. Et zéro espoir.