Un geste pour l’environnement : arrêtez de tondre !

L’objectif de la pelouse tondue, c’est de l’eugénisme assassin assumé. L’on voudrait n’avoir qu’une seule espèce d’herbe, à une hauteur contrôlée, bien verte. Tout corps étranger là-dedans est a priori suspect, voire activement combattu. Pourtant, ça fait quelques temps qu’on a découvert l’intérêt de la biodiversité !

La pelouse de control freak pour imiter un golf, c’est une bataille imbécile, que seuls peuvent gagner des professionnels y engageant de très gros moyens : entretien du sol, apport d’engrais, arrosage systématique, et tonte très régulière. Rien de tout ça n’est à la portée d’un EPLE. On obtiendra donc, au mieux, une pelouse "conforme" quelques mois de l’année, et le reste du temps ça sera mort de soif. À moyen terme, cinq ans peut-être, le sol s’épuisera et plus rien ne fonctionnera correctement.

La biodiversité du sol, bien plus intéressante et pédagogique

Il faut rechercher la gestion de ces espaces verts la plus économe possible en ressources, et qui contribue à la construction d’un cadre propice à l’enseignement. Ce n’est qu’en second lieu que l’on se donne des objectifs écologiques, de limitation de la destruction du milieu, mais cela s’associe parfaitement avec ce qui précède.

Observons d’abord ce qui se passe si l’on ne fait rien : des plantes de plus en plus hautes s’installent, meurent en laissant des tiges peu esthétiques pour les plantes annuelles, et continuent de pousser pour tout ce qui commencera à constituer une sorte de garrigue. Dans certains cas cela peut se tenter, mais alors envisagez carrément de baliser et étiqueter l’espace concerné, en l’appelant une "réserve", où en SVT une observation pédagogique du milieu peut s’envisager. On peut même programmer avec les enseignants, s’ils se prennent au jeu, des parcelles millésimées, pour voir comment cela évolue en deux, cinq, huit ans.

Il faudra cependant superviser que ne s’installent pas certaines plantes invasives ou gênantes : ailantes, renouée, buddleia, mais aussi les ronces ou les orties. Si c’est le cas, il faudra alors demander une intervention qui fera l’objet d’un travail pédagogique, là encore.

Les avantages d’une tonte "longue"

Réglez systématiquement la tondeuse sur la plus grande hauteur possible avant de l’utiliser. Il y a énormément de bonnes raisons de le faire :

• l’effet le plus important et qui change tout, c’est que la longueur permet de conserver l’humidité près du sol, et donc limiter les besoins en eau. Comme on ne peut pas souvent arroser en EPLE, en particulier l’été où il n’y a personne pour le faire, c’est essentiel : sinon tout est mort fin juillet, le sol se bétonne, la catastrophe.
• vous conservez ainsi toute la biodiversité, notamment animale : des nids d’insectes et d’araignées etc.
• vous conservez bien mieux la possibilité pour le gazon de produire ses graines et se ressemer, il n’en sera que plus dense et plus fort
• c’est bête, mais quand le sol n’est pas très plat, si vous tondez court, à certains endroits c’est réellement pelé et tout crève. En tondant long, vous n’avez plus ce problème. Au passage vous abîmerez moins souvent la tondeuse sur des pierres ou ce genre d’obstacle, elle vieillira mieux.
• pour autant les plantes adventices, poussant plus vite que le gazon, en seront gênées et notamment n’arriveront pas à monter en graine, ce qui permet de conserver un effet de régularité.

Le coup de la prairie fleurie

Au lieu d’une étendue verte, pourquoi ne pas plutôt semer une prairie fleurie ? On obtient alors quelque chose de très décoratif, et d’assez maîtrisé puisque l’on sème un mélange de plantes qui saturera l’espace et ne devrait qu’assez peu laisser de la place

Les mélanges de fleurs vendus ainsi sont plus coûteux qu’un ensemencement de gazon, mais cela reste peu de chose à l’échelle de quelques dizaines de mètres carrés dans un établissement. Les fleurs se ressèment et peuvent revenir l’année suivante, mais il est quand même conseillé d’entretenir en remettant un peu de graines de mélange aux périodes appropriées. Vous pourrez même changer la référence d’année en année, jusqu’à ce qu’un équilibre se fasse avec les espèces qui se plairont bien dans l’environnement que vous leur proposez, et reviendront naturellement, toujours en mélange, sans exiger d’autre intervention.

La tonte différenciée

Dessinez des chemins par une tonte un peu plus courte, ou dans votre prairie fleurie, pour conserver la possibilité de vous déplacer vers des massifs à tailler, des espaces à examiner pour les cours de SVT, ou votre composteur. Tant qu’il y a de la variété, et la trace d’une intention correctement menée, vous aurez marqué le paysage et contribué à la bonne tenue générale de l’établissement.

Tondre en laissant l’herbe sur place : le mulching

Cette pratique est séduisante, parce qu’elle peut laisser supposer que l’on gagne du temps, on s’épargne le souci de la gestion du volume d’herbe tondue, et en apparence c’est logique pour nourrir le sol et maintenir de l’humidité sur place.

C’est hélas un peu plus compliqué. Il y a un certain nombre de points d’attention autour du mulching, dont j’essaie de vous donner les principaux :

• ce n’est pas adapté à un jeune gazon, planté depuis moins de deux ans
• il ne faut surtout pas laisser en mulching la première tonte de la saison, sans quoi l’on dissémine et l’on renforce les "mauvaises herbes". C’est à pratiquer uniquement pour une tonte d’entretien, quand on raccourcit un peu en cours de saison. La tonte qu’on ne fait pas en EPLE, où l’on n’intervient le plus souvent que quand c’est vraiment plus possible autrement...
• il faut une tondeuse adaptée, même si presque toutes peuvent le faire : il faut une lame un peu différente (bien aiguisée aussi), notamment. L’objectif est de hacher finement l’herbe qui vient d’être tondue, pour que de petites particules puissent tomber jusque tout au sol, au lieu de former des paquets qui feront étouffer le gazon raccourci
• cela se fait à plus petite vitesse, justement pour avoir le temps de bien hacher la tonte avant de la laisser se redéposer.

Cette page du site questions-gazon.com représente la source d’information la plus accessible et complète que j’ai pu trouver sur le mulching. En conclusion, à moins d’avoir un OP motivé par le sujet, capable de faire ça de la bonne manière avec le bon matériel au bon moment, évitez. Mieux vaut faire un bon compost de votre tonte (augmenté de la légumerie de la DP, ainsi que de vos déchets verts des logements de fonction), et, quand il est prêt, semer ce compost pour nourrir et fortifier votre plantation. Cela se fait avec le geste auguste, à petite ou moyenne quantité, et c’est réellement utile.