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Comment dompter son chef (sans morfler à l’entretien annuel) ?

jeudi 7 décembre 2023, par Xena

Si le chat sur vos genoux descend du tigre ; le chien à vos pieds, du loup… le chef d’établissement, lui, descend généralement du prof ou du CPE, espèces ô combien sauvages pour nous autres administratifs ! Comment réussir alors à le mettre dans votre poche ?

Cet article — qui sera éminemment irrévérencieux (je préviens les âmes sensibles) — traite de nos rapports manager-managé et des compétences à mettre en œuvre… pour dompter son chef ! Et à défaut d’y arriver, simplement l’apprivoiser... ou même seulement l’imprégner ? Quoi qu’il en soit, réussir à entretenir des meilleures relations avec lui et devenir un véritable conseiller technique — écouté — dans l’établissement, tout en lui permettant aussi de gagner en sérénité et en efficacité en tant que manager.

Cet article a été rédigé après un appel à témoignages de collègues adjoint·es gestionnaires, ici présentés en citation au fil du développement.

Comment être un bon manager soi-même, si on est pas en mesure de s’entendre avec son propre manager ? C’est bien la première question à se poser lorsque le chef d’établissement nous a profondément agacé avec une demande, une remarque voire un silence... S’apprivoiser mutuellement, c’est un travail de tous les instants : il n’y a rien de pire qu’une obséquieuse obéissance aveugle de toutou à son pépère. Si, peut-être : un âne bâté qui rue à chaque fois qu’on lui donne un ordre pour avancer. Dans les deux cas, la bête, c’est vous, pas lui. Alors commençons le travail pour s’apprécier mutuellement et être plus efficaces ensemble.

De l’appel de la forêt...

Dans la meute, ne jamais oublier que le chef est le mâle alpha. Je vous concède que lorsque c’est une fille, je parlerais davantage d’alpha et oméga. Il n’y a donc aucune question à se poser sur son positionnement hiérarchique et son style de management. Il faut en être conscient.

« J’avais pris ce poste en sachant que [...le chef ...] avait bousillé mes trois prédécesseurs. [...] je ne bougeais ni poil ni patte, je ne faisais rien sans ordre, je ne prenais aucune initiative et je fermais ma grande g. »

Dans un attelage, il est le leader, ce qui en fait votre supérieur hiérarchique. Pour autant, vous êtes tous les deux des chiens d’attelage et quand bien même il donne l’impression de ne s’intéresser qu’à ses swings, son ou ses adjoints pédagogiques, vous êtes le wheel, le bon gros toutou à l’arrière de la formation, celui qui est le plus près du traineau et qui entraîne l’ensemble par sa force. Il ne vous est donc pas supérieur en tout et il a besoin de vos compétences. Pas la peine de l’attaquer au niveau de l’égo, pour satisfaire le vôtre. Cela vous expulserait simplement de la meute, il faut en être conscient aussi.

« Durant ma carrière j’ai connu plusieurs types de CE, entre celui qui voulait tout diriger et celui qui me laissait tout faire. »

C’est là que beaucoup d’entre nous se plantent : on se rappelle les trois vagues demi-journées consacrées au management à l’IRA et on fonce tête baissée en considérant que le management du chef est pourri ? Résultat des courses : on se prend un joli coup de croc et on repart chougner dans son coin, avec le museau en sang. Bien fait !

« Les portes de l’Enfer se sont refermées sur moi à cet instant. Les mois qui m’ont séparé de l’obligation de mobilité de cette cheffe qui était en fin de période ont été abominables... »

Si le chef décide d’être hyper-directif, c’est son droit. S’il décide de laisser passer la dernière ânerie de la prof de philo connue également pour être une syndicaliste virulente et un peu tordue, dont acte.

« Il est le chef il prend les décisions qu’il veut, il n’est pas obligé de me concerter mais il assume. »

Pour prendre cette fois-ci une métaphore équine, n’abordez jamais un cheval de face, car il ne vous verra pas. Ne ruez pas dans les brancards et rongez votre frein. L’affrontement avec le chef qui partirait d’une forme de remise en question de sa cheffitude, c’est exactement comme se tirer une balle dans le pied. Donc, soyez conscient de ce positionnement en ce qui concerne votre chef et veillez à ne jamais lui donner à penser que vous doutez sur ce plan.

« Avec le temps, j’ai appris à être moins frontale et plus stratège. »

A l’homme qui murmure à l’oreille des chef-vaux !

Vous ne vous sentez pas l’âme d’un Robert Redford ? Dommage. Parce que les méthodes de chuchoteur qui s’appuient sur la douceur et la justice — et qui au passage s’appellent aussi l’éthique — ne datent pas d’hier. Elles valent pour votre chef, mais elles valent aussi pour les managers managés.

« Mon jugement souverain sur les chefs d’EPLE, c’est que les vers de terre sont nettement plus utiles à la planète. »

A ce stade, c’est souvent ce schéma mental qu’il faut déconstruire, notamment lorsqu’on se sent en souffrance par rapport à notre poste : il n’y a pas et ne peut pas y avoir de position d’opposant. Dans deux frères..., même si le spectacle pourrait être alléchant, le seul moyen de s’en sortir pour les grands fauves, c’est justement de ne pas se battre l’un contre l’autre.

Donc, l’image du chef dans votre esprit est souvent déshumanisée et horriblement caricaturale. Le chef ce n’est peut être pas l’étalon noir mais ce n’est pas non plus un chien enragé. L’état d’esprit avec lequel vous l’abordez se reflètera aussi systématiquement dans vos échanges — verbaux et non verbaux. Méfiez-vous aussi des réactions que vous avez avec vos subordonnés quand il est question du chef, cela peut pourrir tout un service et cela reviendra directement ou indirectement... à l’oreille du chef.

De l’usage de l’intelligence émotionnelle. Ce qu’il faut cerner avant tout, c’est ce que vous ressentez dans votre relation mais également ce que votre chef ressent, parce que les deux sont aussi importants. Cela fait des mois que vous lui insinuez à demi-mot qu’il fait tout de travers parce qu’il n’applique pas le droit, le petit doigt sur la couture ? Il est vraisemblable que penser à vous ou devoir travailler avec vous lui inspire de la colère, de la tristesse... et au fil du temps, de la peur. Vous savez ? Quand on va voir quelqu’un à reculons. Mais il ne s’agit pas seulement de conscientiser ces émotions, mais également de finir par les verbaliser. Attention néanmoins : on est au taf, le cadre est professionnel, on évite donc l’effet Lassie, les violons, les sanglots longs...

« Moi j’aurais été ravi de prendre le temps de la consulter avec elle, de faire une analyse conjointe, si elle s’y intéressait... »

De savoir où on va et où l’on veut aller. Que ce soit en Alaska ou sur l’hippodrome de Longchamp, il est très rare de voir les compétiteurs partir dans tous les sens, voire de tourner en rond. C’est la même chose dans le bureau du chef : partir d’une situation précise, conflictuelle ou simplement problématique, et voir avec lui comment s’en sortir. Souvent, vous allez tout simplement droit dans le mur. L’objectif est alors simple : contourner ce mur ou le déconstruire.

« Je lui ai dit clairement qu’il était non seulement le décideur final mais également mon dernier garde-fou face à une éventuelle boulette, que j’avais besoin qu’il prenne le temps de lire les documents que je lui adressais, pas par défaut de confiance mais pour me rassurer également. »

De la confiance. C’est bateau, voire un peu tarte-à-la-crème mais il faut que le chef puisse avoir confiance en nous pour se détendre... Toute notre attitude doit donc se construire en ce sens. Si je le résumais en quelques points, je dirais qu’il faut allier l’exemplarité à la sincérité, la confidentialité à la fiabilité. On ne fait pas passer un lion à travers un cercle de feu si le dompteur ne lui a pas promis un steak. La promesse explicite ou implicite que vous faites à votre chef, votre bidoche à vous, c’est un ragoût entre deux principes : s’engager auprès de lui, s’intéresser à son travail et à sa personne.

« Mais après cet abord un peu pénible, j’ai mesuré que c’était quelqu’un qui avait une véritable vision. »

Et dès que la bête goûte au sang, l’abattre !

Légende urbaine, hein. Ça fait belle lurette que cette méthode ne s’applique plus... Même chez les Borgia, ils ont préféré le poison ! Redevenons sérieux deux secondes (enfin surtout moi) : il existe des personnes avec qui ça ne passera jamais. Vous aurez beau utiliser toutes les attitudes possibles, vous ne trouverez jamais grâce à leurs yeux, ni elles aux vôtres.

Avant qu’il y ait des blessés, physiquement ou moralement, il faut sortir de l’arène. Dans ce cas, il nous reste trois possibilités :

Allez voir ailleurs. C’est tout.


J’ai choisi de traiter ce sujet de manière décalée : il ne faut donc absolument pas le prendre au premier degré. J’ai moi-même choisi de postuler en tant que "faisant fonction" pour connaître également l’autre revers de la médaille. Cet article n’a à aucun moment l’intention de remettre en cause le travail de nos chefs d’établissement, encore moins leur rôle essentiel dans la mission de l’Éducation nationale : permettre à toutes les générations à venir de se créer un futur !

Et si mes camarades perdir (si, si, j’en ai...) lisent cet article, je serais également très honorée que cela ait pu les amuser. Je remercie enfin les collègues qui ont partagé leur expérience : toutes les citations leur appartiennent, signe de réussite, d’échec... d’encouragement ou de découragement.

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