Qu’est-ce que c’est donc que l’ailante, et pourquoi en parler sur l’IZ ?
Il s’agit d’une plante invasive susceptible de causer des dégâts dans nos EPLE. Alors j’entends déjà votre étonnement : tiens, voilà notre lapin rouge-khmer vert qui se met à classer des êtres vivants parmi les nuisibles ?
Ailanthus altissima est un espèce extraordinaire. Cette plante peut s’installer absolument partout, et notamment là où les autres ne parviennent pas à pousser. Sa croissance est incroyablement rapide, et il ne faut que quelques années pour que cela donne un arbre pouvant dépasser vingt mètres de haut.
Donc la question est : cela vous intéresse-t-il d’avoir un arbre plus haut que les bâtiments qui surgisse à n’importe quel endroit du site de votre établissement ? Notamment dans les coins entre deux bâtiments, avec les racines qui font péter les jointures de vos sols ? Sous l’escalier de secours ?
L’ailante émet des quantités importantes de graines et se multiplie dans des zones qu’il peut totalement infester. Pour faciliter son implantation, cette plante secrète un pesticide qui gêne les autres espèces végétales et lui donne l’ascendant sur toute concurrence.
L’ailante est reconnaissable à l’odeur fétide qui émane de ses feuilles, qui fait penser à des biscottes avariées (d’où son surnom de frêne puant) ; enfin cette plante provoque des allergies. Bref, convenez-en, le dossier est lourd : on peut être un ami de la nature et ne pas être très copain avec l’ailante.
Comment reconnaître l’ailante ?
Cette ramure est caractéristique, et avec l’odeur vous n’aurez aucun doute. Le sumac de Virginie lui ressemble énormément, mais s’il pousse moins haut et moins vite, il est tout autant invasif et, lui, carrément toxique. Mais vous ne devriez pas le rencontrer en France.
Le ghetto palm tree s’installe partout, et spécialement là où rien d’autre ne pousse. Vous en trouverez énormément autour des installations ferroviaires.
Comment combattre l’infestation par les ailantes ?
Mon établissement est touché, avec des plants qui se sont installés partout dans l’une des cours, en particulier tout contre le bâtiment mitoyen, ce qui ne plaît pas du tout au propriétaire ! J’ai demandé au service municipal de jardinage des consignes, que je vous communique ici :
Précautions de base : se protéger de tous risques de contacts avec la plante. Les jeunes rameaux sont densément poilus, les poils peuvent provoquer des allergies respiratoires tout comme le pollen. Il est recommandé de prendre les précautions nécessaires (gants, lunettes et masque respiratoire).
Le traitement dépend de l’âge/taille des plants
- Jeunes plants/rejet (moins d’un an) : arrachage une fois par an entre mars et août puis contrôle en novembre, et refaire opération l’année suivante (forte reprise des petites racines).
- Arbustes <10cm de diamètre : dessouchage de juin à septembre (avant apparition des graines qui a lieu à l’automne). À répéter deux ans.
- Arbres > 10cm de diamètre : cerclage à la fin du printemps => Retirer l’écorce jusqu’à l’aubier sur 80/90 % de la circonférence sur une bande d’au moins 20 cm de large (prévoir bande de 30-40 cm à la base du tronc). L’arbre est affaibli mais ne rejette pas trop, moins que si l’on coupe le tronc. Il faut cercler en même temps tous les troncs et/ou individus du site. Attention avec la problématique de chute de branches, arbres (on ne peut pas cercler un arbre si passage du public ou alors penser à sécuriser la zone).
L’arbre se dessèche en un ou deux ans : prévoir contrôle puis abattage et dessouchage.
Le souci c’est la capacité de reprise de l’ailante à partir des racines :
- Réseau des racines très étendu (jusqu’à 45 m d’expansion latérale) avec également une racine pivotante ;
- En réaction au recépage de jeunes plants ou à l’abattage d’un arbre, croissance de nombreux rejets (drageons) pouvant apparaître à plus de 20 m du pied mère (multiplication d’une population par 34 en un an) ;
- Un fragment de racine (1 cm) peut émettre un drageon
Parce qu’on n’est pas seulement méchants, on apprécie la poésie même dans cette plante enquiquinante
Un plaidoyer pour l’ailante, fondé notamment sur une longue observation dans le nonante-troâ : https://www.franceculture.fr/emissions/par-les-temps-qui-courent/par-les-temps-qui-courent-emission-du-jeudi-10-juin-2021