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La prévention du risque légionellose

mardi 12 avril 2022, par Daimyo

J’ai la chance d’être en poste dans un établissement qui fournit toutes les options en matière d’embêtements possibles et notamment l’option internat.

A l’occasion d’un contrôle de l’eau chaude sanitaire (ECS pour rester dans la grande tradition, chère à notre ministère, des sigles) bingo le prélèvement revient positif à la légionellose.

Qu’est-ce que la légionellose ?

Pour nos lecteurs qui n’auraient pas suivi l’enseignement de spécialité sciences de la vie et de la terre au bac, la légionellose est une infection pulmonaire, potentiellement grave (létalité 11%), causée par une bactérie, la legionella. Une bactérie est un organisme qui peut être mono- ou pluricellulaire entouré d’une membrane et doté d’ADN. Les bactéries sont des êtres autonomes qui vivent dans tous les milieux et sont capables d’assurer les fonctions liées à leur survie : se reproduire et se nourrir. Il existe plus de 50 espèces de légionelles, mais toutes ne sont pas à l’origine d’infections humaines. Les souches les plus couramment associées à la légionellose en France sont les Legionella pneumophila.

Les légionelles sont naturellement présentes dans les eaux douces. À partir de ces milieux naturels, les bactéries sont en mesure de coloniser les installations humaines présentant des conditions favorables à leur développement (stagnation de l’eau, température de l’eau comprise entre 25 et 45°C) et d’y proliférer. Une grande concentration dans les installations sanitaires peut provoquer une contamination chez l’homme par voie respiratoire, par inhalation d’eau contaminée diffusée en aérosol.

Autrement dit, on s’empoisonne mortellement en prenant sa douche. On l’a compris, on ne rigole pas avec la légionellose.

Prévention et contrôles

Pour prévenir ce risque les établissements recevant du public sont soumis à un certain nombre d’obligations. Pour les collèges et lycées avec douches mises à disposition des élèves, depuis le 1er janvier 2012, ce sont les obligations reprises dans l’arrêté du 1er février 2010 :

  • Le contrôle de la température de l’eau chaude sanitaire doit être réalisé tous les mois. Cette mesure doit être réalisée au niveau de la sortie des productions d’eau chaude sanitaire (mise en distribution), sur les points d’usage à risque du réseau identifiés ou sur les points les plus éloignés de la production d’eau chaude, au niveau d’un retour de boucle. Les températures à respecter sont précisées par l’arrêté du 30 novembre 2005.
  • Le contrôle de l’absence de légionelles doit être réalisé une fois par an

Enfin il existe des pratiques informelles dans les établissements consistant à ouvrir en grand les robinets à chaque retour de vacances pour vider l’eau qui aurait stagné et prévenir le risque de contamination.

Mon résultat positif vient d’un prélèvement effectué début février à bonne distance donc des vacances de noël et d’hiver. Logan-Kevin qui occupe la chambre incriminée n’ayant pas été absent pour stage ou covid, j’en viens à la conclusion que mon réseau ECS est pourri à moins qu’il ne se lave pas ou qu’il se douche dans la chambre de sa copine Maria-Samantha mais cet article ne se voulant pas polémique on va opter pour la première option.

Pourquoi le réseau d’eau chaude de mon bahut serait-il pire qu’un autre ?

Comme indiqué ci-dessus, la bactérie se développe entre 25 et 45°C. Soit trop tiède pour de l’eau froide, ou trop tiède pour de l’eau chaude ! Passons sur le réseau d’eau froide qui serait réchauffé parce que trop proche de sources de chaleur, ce n’est pas le risque le plus courant, et il serait facile à régler.

Reste votre réseau d’eau chaude lui-même. Pour ne pas brûler les gens sous la douche, mais aussi pour limiter la consommation énergétique, l’idéal serait de ne pas dépasser 58°C au point de puisage. On est encore loin au-dessus de 45°C, me direz-vous. Mais voilà : quand on cesse de puiser, ça stagne, ça refroidit.

Un bon moyen de lutte, c’est le bouclage : le circuit d’eau chaude retourne en chaufferie si l’eau n’est pas puisée. On gâche moins d’eau en puisant jusqu’à ce que la température attendue parvienne... à condition que le circuit soit bien isolé pour limiter les pertes.

Des tubes en mousse, vendus quelques dizaines de centimes le mètre dans tous les magasins de bricolage, sont d’une manière générale un excellent allié pour vous, sans forcément devoir recourir à des spécialistes en calorifugeage. Un OP avec un peu de bon sens fera un excellent boulot avec cela.

Mais cela ne suffit pas toujours, et même un réseau bien isolé, même avec un bouclage, peut laisser se développer la legionella. Pourquoi ? Parce qu’il y a des bras morts dans l’installation. Un piquage sur le tube d’ECS qui ne va nulle part (installation retirée, voire des erreurs du chantier), ou vers un robinet que personne n’ouvre jamais. Et dans un tel endroit, une section du tube sera forcément tiédie par l’eau circulant, sans être chassée par elle, ni assez réchauffée pour tuer ou même gêner les bactéries.

Il faut donc impitoyablement identifier tous ces bras morts, et les faire supprimer. Si un besoin ponctuel ou un réveil du besoin ultérieur est envisagé, alors il faut faire poser une vanne que l’on laissera fermée la plupart du temps, le plus près possible du piquage.

Contrôle de l’absence de légionelles

Ce contrôle doit être réalisé par un organisme accrédité et selon la norme NF T90-431. L’unité de mesure est « Unité Formant Colonie par Litre » notée UFC/L. La limite de qualité est fixée à 1000 UFC/L pour la legionella pneumophila. C’est-à-dire que si le résultat d’un prélèvement revient avec une valeur supérieure à 1000 UFC/L l’eau chaude sanitaire n’est pas conforme et le responsable des installations doit prendre ’’sans délai’’ les mesures correctives nécessaires au rétablissement de la qualité de l’eau et à la protection des usagers.

La détection de légionella pneumophila en dessous du seuil de 1000 UFC/L ou la détection de légionella spp dans le circuit d’ECS génère un rapport d’analyse conforme mais doit alerter, dans la mesure où cela signifie que les conditions sont favorables à la prolifération de la bactérie.

Mesures correctrices

La première mesure est de condamner strictement l’accès aux douches desservies par le réseau contaminé.

Dans un second temps, afin d’éliminer les bactéries, deux techniques peuvent être mises en œuvre au choix :

  • une désinfection par choc chloré c’est-à-dire injection de chlore dans le circuit contaminé
  • un choc thermique : la température du circuit est élevée à 70°C pendant au moins 30 minutes

Ces techniques sont mises en œuvre par tout prestataire assurant la maintenance des installations de chauffage digne de ce nom.

Un nouveau contrôle doit être réalisé à minima 48 h après la réalisation de la mesure correctrice afin de valider l’efficacité de celle-ci. L’accès au point de distribution incriminé ne sera autorisé qu’au retour de résultats conformes à la norme.

Et puis bien sûr, les petits ou grands moyens pour que l’installation devienne moins propice au développement des germes, suggérés ci-dessus.

Communication

Si vous savez que votre réseau présente un risque, il convient de communiquer en direction des élèves, des parents et des agents afin que tout élève interne ou agent présentant des signes de grippe se signale immédiatement. La communication doit être faite avec mesure et retenue car le but n’est pas d’avoir un article avec sa trombine en une du canard local.


Y en a pas que pour les douches !

Vécu de la Zone : un problème récurrent de légionellose à la plonge, avec le jet de rinçage de la vaisselle avant passage dans le tunnel de lavage...

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